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La dynamique de vie des sols forestiers

Updated: Dec 13, 2022

La dynamique de vie des sols forestiers forêts et champignons symbiotiques appliquée à des sols agricoles

Le rêve de tout bon jardinier, c’est d’obtenir un bon sol, qui nous donnera de belles plantations, de bonnes récoltes, sans perturbations majeures côté insectes, maladies et autres compétitions. Les forêts et leurs champignons symbiotiques nous offrent un cadre de vie qui, bien géré, nous permettra de travailler dans les harmonies d’équilibre, en suivant ses modes naturels, plutôt que de les gérer en mode de domination par le haut.


Persicaria Painter’s Pallet, ligularia Britt Mary Crowford
Persicaria Painter’s Pallet, ligularia Britt Mary Crowford
Lilas japonais
Lilas japonais

Je commencerais par laisser parler nos auteurs MM. Egli et Brunner et de faire ressortir quelques principes de base. « La mycorhize est un organisme dans lequel l’arbre et le champignon mycorhizien s’échangent des matières – un peu comme à la bourse. Tandis que l’arbre fournit au champignon les sucs élaborés lors de la photosynthèse, ce dernier lui offre en échange des éléments nutritifs, comme l’azote (N) et le phosphore (P), qu’il a prélevés dans de minuscules espaces poreux du sol, à l’aide de ses hyphes fins. Étant donné que les hyphes se répandent largement dans le sol, la surface d’absorption est beaucoup plus grande que celle occupée par les poils absorbants des plantes non mycorhizées… Le manteau fongique et le réseau de Hartig ont la particularité d’emmagasiner le phosphore et de l’accumuler sous forme de polyphosphates à longue chaîne, ou granules de polyphosphates, qui sont stockés dans les cellules fongiques sous forme solide », p.3


« Les mycorhizes favorisent l’absorption par les racines des éléments nutritifs et de l’eau et améliorent la protection de la plante contre les polluants. Par ailleurs, les plantes mycorhizées tolèrent mieux les facteurs stressants d’ordre abiotique et biotique. Le champignon élabore des sucres, comme le mannitol ou l’arabitol, qui rendent les racines plus résistantes au gel. En outre, il synthétise des antibiotiques, induit la formation du tanin et favorise la flore microbienne dans le manteau fongique, ce qui augmente le pouvoir défensif des plantes contre les pathogènes contenus dans le sol. Enfin, les phytohormones formées par les champignons mycorhiziens (p. ex. auxine, gibérelline, cytokynine, éthylène) favorisent la croissance des plantes» p. 5 (« Les mycorhizes; une fascinante biocénose en forêt » / Dr Simon Egli et Dr Ivano Brunner, Notice pour le praticien no. 35, Birmensdorf : Institut fédéral de recherches WSL, 2002, 8 p.) Les auteurs ajoutent plus loin : « Il est souhaitable de laisser sur place les branches de bois mort, car elles favorisent le développement d’espèces fongiques rares. » P. 7. À noter ici qu’il ne reste plus qu’à broyer ces branches, et les épandre sur le terrain, et nous avons les bases de la technologie de ce qui devait s’appeler les BRF. Il ne faut pas oublier ici un élément majeur. Cette dynamique symbiotique ne se passe que dans un écosystème de sous-bois, soit, à l’ombre, humide, dans toute cette chaîne trophique renouvelable en continuité. Pour aller plus loin dans l’évidence, vous ne pourriez pas cultiver la plupart des plantes agricoles dans ces conditions d’ombre. Il n’y aurait pas de photosynthèse, évidemment à moins que ça soit des plantes d’ombre. Connaissant nos prémices, comment peut-on adapter cette dynamique de vie des sols, dans des conditions d’ombre, à des sols colonisés artificiellement et au soleil? Bien sûr, nous pouvons et devons nous donner toutes les chances de notre côté et planter des haies et brises vents qui vont contrer ces effets du découvert en réhabilitant les qualités suivantes pour n’en nommer que quelques-unes : moins d’évapotranspiration, moins d’érosion, abriter une flore et une faune polyvalente, microscopique comme macroscopique, donc régulateur de la température et de l’eau, etc. mais il n’en reste pas moins que le sol cultivé reste à découvert. Le premier réflexe serait de prélever cette litière forestière et de l’introduire à ce sol agricole à découvert. Cela peut avoir un effet temporaire, mais nous ne répétons là qu’un principe d’engrais ou de fertilisant, dans une mésadaptation évidente. Il y a possibilité d’éviter le pillage de nos sols forestiers. Nous pouvons nourrir et multiplier cette dynamique de vie des sols forestiers avec du BRF seulement et cela dans les conditions se rapprochant le plus que possible des conditions naturelles qui lui conviennent. Je n’utilise que du feuillu, principalement climacique. Il est bien connu que ces champignons symbiotiques ne vivent pas dans des sols gorgés d’eau ou de façon anaérobique. Il y a possibilité d’y adapter une gestion appropriée. Ce substrat peut se produire dans une courte rotation de 2 ou 3 mois, à faible température. Le processus vivant est initié et on peut le greffer à la plate-bande d’adoption. Initialement, la butte devrait être ameublie en profondeur. La butte ne devrait pas avoir moins de 20 cm, afin de permettre l’évacuation du surplus d’eau, s’il en est, en cas de pluie abondante, et pas plus de 30 cm, plus que cela peut vous faire perdre de cette précieuse humidité ambiante de votre sol. L’ensemble de vos plates-bandes devrait en faciliter les accès, contrer l’érosion, bien qu’il n’y en a que peu, avec ces techniques, et pourquoi ne pas y mettre un peu d’esthétisme. La plate-bande devrait avoir la largeur d’environ un mètre cinquante, afin de permettre l’accessibilité d’un côté ou de l’autre, sans avoir à la piétiner, pour y avoir accès. Donc, éviter de compacter le sol.


Donc, après un premier et un seul bêchage en profondeur, vous introduisez votre substrat, ou précompost, si vous voulez, à base de BRF-Feuillus dans votre plate-bande, vous la mélangez au sol, vous montez votre butte et vous la recouvrez d’une couche de mulch de BRF-Feuillus à une épaisseur de un à deux centimètres. Vos plates-bandes, comme vos allées, doivent être garnies d’une telle couche de mulch en permanence et de façon continue d’une plate-bande à une allée, à une autre plate-bande, d’un brise-vent à l’autre dans tout le jardin. Ainsi, il n’y a pas de rupture de vie. Votre sol ne doit jamais être à découvert. Vous récoltez, votre sol est à découvert momentanément, vous replacez ou ajoutez votre mulch tout de suite après. Même un sol de cette qualité, s’il est mis ainsi à découvert, surtout au gros soleil, on le retrouve déshydraté, sans vie, sur plus d’un centimètre après quinze minutes seulement sur la partie exposée. Même avec un terreau initial de cette qualité, si vous n’utilisez pas de ce mulch de BRF_Feuillu, vous verrez dépérir votre sol et ne travaillerez que de façon conventionnelle sous forme d’amendements perpétuels. Avec ces méthodes culturales, vous montez vos buttes une première fois et vous n’avez plus à ajouter d’autres amendements, les sols sont auto fertiles. La seule chose que vous avez à ajouter, c’est de renouveler la couche de mulch lorsqu’elle aura été digérée par le sol et que le sol redeviendra apparent. Il n’y a rien de parfait en tout cela. C’est bien sûr que la surface des BRF exposée au soleil sera déshydratée et en partie sacrifiée au profit de l’écosystème du type de sous bois forestier que vous créez sous cette couche dans le sol superficiel. Vous recréez ainsi un écosystème apparenté cet écosystème d’un sol de forêt feuillu. Ces champignons symbiotiques peuvent y vivre puisqu’ils y ont non seulement la nourriture, mais le milieu ambiant pour assurer sa continuité. Tout comme les arbres, les plantes jardinées peuvent générer les sucres, par photosynthèse, participer à cet échange sucre contre azote et phosphore et les boucles se continuent… à perpétuité, si on est attentif à ces cycles pour bien intervenir aux bons moments. Dans les cultures annuelles, potagères ou autre, le sol sera donc plus vulnérable au printemps ou à l’automne, lorsque le sol sera plus susceptible d’être à découvert. À ce moment, il faudra certainement être plus vigilant pour garder la couverture de mulch. À remarquer ici que les forêts feuillues sont dégarnies de feuilles dans ces périodes, mais le sous bois est couvert des feuilles et des brindilles tombées.

Persicaria Painter’s Pallet et Ligularia Britt Mary Crowford.
Persicaria Painter’s Pallet et Ligularia Britt Mary Crowford.

J’ai ici de nombreux cas de plates-bandes qui n’ont eu aucun autre amendement, et cela pour des périodes dépassant 15 ans, sans défaillance de fertilité. Il ne faut qu’y ajouter une fine couche de mulch environ une fois par an, lorsque nécessaire. Il ne faut plus, et ce n’est plus nécessaire, de bêcher, rotoculter, broyer la terre, cela brise la structure du sol, en mélange les horizons, déshydrate, etc. Les microorganismes à 1 cm ne sont pas les mêmes qu’à 30 cm. Avec ces méthodes culturales, vous n’avez pas besoin d’arroser. Même après une pluie abondante, le sol n’est pas gorgé d’eau. Vous avez une humidité ambiante continuelle, un sol souple, laissant pénétrer les systèmes racinaires luxuriants. Il n’y a que très peu de désherbage. Le sol gèle moins l’hiver, est donc plus actif, les plantes vivaces passent mieux l’hiver et continuent même à se développer durant l’hiver. Cest la santé du sol, comme la santé des plantes dans un milieu ambiant qui « reproduit » un de nos écosystèmes les plus riches et les plus régénérateurs sur notre planète. Vous n’allez sentir que de bonnes odeurs de sous bois oxygénant autour de chez vous. Je pratique ces techniques depuis plus de 20 ans ici, dans mes jardins, et je le fais partager à tous mes clients, plusieurs centaines, quelques milliers, à la grande satisfaction de tous et le message se passe dans l’harmonie et la beauté. Jacques Hébert, Jardinier pépiniériste. Mars 2007


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